le carnet de commandes explose chez MBDA

Le missilier européen MBDA a enregistré 9 milliards d’euros de commandes en 2022. Et la guerre en Ukraine pourrait annoncer un nouveau tournant

Si la guerre en Ukraine a remis en pleine lumière et sous tension le marché de l’armement, les indicateurs étaient déjà à la hausse avant que ce conflit n’éclate. C’est ce que confirme le bilan d’activité 2 022 du missilier européen MBDA. Alors que son chiffre d’affaires est resté proche de celui de 2021 à hauteur de 4,2 milliards d’euros, il a surtout enregistré 9 milliards d’euros de commandes. Une envolée en partie liée à l’achat, fin décembre 2021, par les Émirats arabes unis de 80 Rafale à l’avionneur Dassault : « L’armement de ces 80 appareils, c’est nous, souligne Eric Béranger, le PDG de MBDA. C’est un contrat à un peu plus de 2 milliards d’euros. » Mais celui-ci n’explique pas tout : « Beaucoup d’autres commandes prévues de longue date se sont conclues en 2022, poursuit-il, c’est le cas notamment avec la Grèce. »

En revanche avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, 2 023 pourrait aussi s’annoncer tout aussi dynamique : « Il est certain, analyse Eric Béranger, qu’il y a une sensibilité plus forte des pays européens sur les aspects de souveraineté et de sécurité. On discute beaucoup, il y a aura probablement un impact en 2023. Mais de quel ordre ? C’est à déterminer. » Dans cette compétition mondiale, MBDA mise sur une gamme complète : « Dans le monde occidental, MBDA est le seul acteur non américain qui peut offrir à l’ensemble des pays européens tout le spectre des systèmes de missiles en pleine souveraineté », appuie Eric Béranger. Concrètement, sur ses étagères se trouvent des missiles antichars, des missiles de défense aérienne, de combat aérien ou encore de combat naval, comme les exocet. Et en Ukraine, ce sont des armes de ce type qui sont utilisées.

Conséquence de ce regain d’activité, les rangs de l’entreprise vont s’étoffer : « En 2023, souligne Eric Béranger, on a prévu de recruter sur l’ensemble du groupe plus de 2000 personnes. » Lesquelles viendront s’ajouter aux 1 600 embauches de 2022. Un développement d’autant plus nécessaire qu’Emmanuel Macron a demandé aux industriels de l’armement de passer en économie de guerre. Et ce, afin de produire plus vite. « Dans une industrie, ça s’anticipe, observe le PDG de MBDA. On en est train de le faire. »

Missiles hypersoniques

Mais au-delà, un autre dossier stratégique occupe l’entreprise : les missiles hypersoniques, ces armes de nouvelles générations réputées inarrêtables que la Russie n’a pas hésité à tirer pour la première fois en Ukraine. Si MBDA a été écarté du premier appel à candidature lancé par la Commission européenne pour un projet d’intercepteurs de missiles hypersoniques, Eric Béranger l’assure : « L’histoire n’est pas finie. » Et d’ajouter : « Ça fait 20 ans que nous construisons une expérience dans ce domaine. Pour se défendre contre quelque chose, ça peut aider de comprendre ça fonctionne… »

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