Rafale vs F-35 : il n’y a pas photo !

En Finlande, un Rafale a virtuellement «abattu» un F-35 américain lors d’un combat aérien rapproché dans le cadre d’un exercice. Un succès symbolique pour l’armée de l’Air française, mais dont la portée opérationnelle reste à relativiser face aux capacités de cinquième génération de l’appareil américain.

En juin dernier, comme le rapporte La Voix du Nord, l’Otan organisait l’exercice Atlantic Trident 25 sur le sol finlandais. Plus de 270 militaires français avaient fait le déplacement, accompagnés de six Rafale de la base aérienne de Mont-de-Marsan. Cet exercice avait pour but de renforcer la coopération entre alliés et de mettre en place des procédures communes. Mais c’est un affrontement particulier qui a retenu l’attention : un duel aérien entre un Rafale tricolore et un F-35 américain. Dans ce scénario de «dogfight», c’est le chasseur français qui a pris l’avantage, plaçant son adversaire dans le viseur et le «détruisant».

Cette victoire, même virtuelle, est d’autant plus remarquable que le F-35 est considéré comme l’avion de chasse le plus moderne au monde, issu de la cinquième génération, quand le Rafale appartient encore à la quatrième. Sur les réseaux sociaux, certains passionnés n’ont pas manqué de filer la métaphore footballistique : «En « dogfight », le Rafale c’est le PSG et le F-35 un club de D2 polonaise», écrit ainsi un élève pilote sur X, avant de nuancer : «Mais en combat à longue distance au missile, le F-35 c’est le Barça et le Rafale l’OL». Les Lyonnais apprécieront.

Une confrontation dans la réalité reste très improbable

En réalité, une confrontation directe entre les deux appareils reste très improbable. Le F-35 n’est pas pensé pour le combat rapproché, mais pour le tir au-delà de la portée visuelle (BVR). Sa furtivité lui permet de détecter ses adversaires bien avant d’être vu. La surface équivalente radar (SER) illustre cet écart technologique : entre 0,05 et 0,1 m2 pour le Rafale, contre environ 0,005 m2 pour le F-35. Concrètement, le chasseur français est dix fois plus détectable, ce qui laisse à l’Américain le temps de tirer ses missiles AIM-120 AMRAAM, surnommés «pitbull» car ils ne lâchent jamais leur cible. Le Rafale, de son côté, a été conçu pour exceller dans les affrontements de proximité. Son agilité, son canon de 30 mm et sa polyvalence en font un adversaire redoutable en combat visuel.

Reste donc une question : pourquoi opposer deux appareils dans une configuration jugée irréaliste ? Pour l’armée française, il faut se préparer à toutes les éventualités. «On s’entraîne au combat à vue d’abord parce que ça nous permet de connaître notre avion parfaitement pour pouvoir ensuite l’utiliser dans tous les domaines de vol qui s’offrent à nous, explique une pilote de Rafale, Potentiellement, dans les conflits de haute intensité, il y aura beaucoup de facteurs externes, peut-être du brouillage ou des forces adverses qui ne vont pas nous permettre de pouvoir utiliser notre armement dans des domaines de longues distances

Un enjeu commercial fort

Le duel est symbolique mais l’enjeu commercial est bien réel. De nombreux pays européens, sous influence américaine, ont opté pour le F-35. La France, au contraire, pousse pour une autonomie stratégique via le Rafale. Le succès médiatisé de l’avion français en Finlande pourrait donc servir d’argument supplémentaire dans la bataille des contrats, alors que la concurrence entre Washington et Paris dans le ciel reste vive.

Par Sabrina Guintini

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