Les porte-hélicoptères d’assaut modernes : la menace aéro-amphibie sous l’horizon

Si les opérations amphibies sont, comparativement aux batailles terrestres, navales et même aériennes, peu nombreuses dans l’histoire, elles ont souvent eut un impact considérable sur le déroulement des conflits,.Qu’il s’agisse des opérations Torche (Afrique du Nord), Overlord (Normandie) et Dragoon (Provence) contre l’Allemagne Nazie, des débarquements américains sur les iles du Pacifique face au Japon, ou de celui d’Inchon durant la guerre de Corée, tous permirent de renverser le rapport de force et influencèrent considérablement la conduite de la guerre. A l’inverse, certains échecs comme le débarquement d’Anzio en Italie, ou celui des Dardanelles durant la première guerre mondiale, conduisirent à un enlisement critique de l’effort militaire, ainsi qu’à des pertes insoutenables. La dernière opération aéro-amphibie d’envergure s’est déroulée à Port Carlos le 21 Mai 1982, et permit à la Royal Navy de mettre à terre 4000 soldats britanniques pour la reconquête de l’ile principale de l’archipel, au prix de 2 frégates coulées, les HMS Ardent et Antelope, deux destroyers endommagés, les HMS Brilliant et Argonaut, ainsi que plusieurs unités logistiques ont été gravement endommagées, les RFA Sir Galahad, RFA Sir Lancelot et RFA Sir Tristan, sous les bombes des A4 Skyhawk et Dagger des forces aériennes argentines.

Depuis la guerre des Malouines, qui vit particulièrement briller les deux navires d’assaut porte-hélicoptères de la Royal Navy, les HMS Fearless et Intreprid, longs de 159 mètres pour un tonnage de 12.000 tonnes en charges, et capables de transporter 550 Royal Marines et de les mettre à terre avec leur équipement à l’aide de barges de débarquement et d’hélicoptères Wessex, le contexte des assauts amphibies a considérablement évolué, en particulier du fait de la multiplication des batteries côtières armées de missiles anti-navires capables d’atteindre de manière autonome des cibles navales dans un rayon de 40 à 50 km, selon leur élévation. C’est notamment cette menace, ainsi que la présence de nombreuses mines sous-marines, qui interdit à la flotte russe de mener un assaut amphibie sur Odessa en Ukraine, celle-ci ne disposant, à ce jour, que des bâtiments de type LST contraints de s’approcher de la côte et de plager pour mener les assauts. C’est pour répondre à cette nouvelle menace que l’US Navy conçue, à la fin des années 60, la première classe de porte-hélicoptères d’assaut, la classe Tarawa, capable de mener un assaut simultanément à l’aide de barges rapides et d’hélicoptères de transport lourds, au besoin escortés d’hélicoptères de combat, tout en restant sous le couvert de l’horizon et donc des missiles anti-navires adverses.

Longs de 254 mètres pour un tonnage de plus de 40.000 tonnes en charge, les Tarawa disposaient non seulement d’un vaste hangar et d’un radier pour mettre en oeuvre une batellerie de chalands de débarquement et autres aéroglisseurs d’assaut, mais également un très important hangar aéronautique capable d’accueillir plus d’une vingtaine d’hélicoptères lourds CH-53 Sea Station et CH-46 Sea Knight, ainsi qu’un pont d’envol droit de presque 9000 m2 et deux ascenseurs pour mettre en oeuvre ces appareils avec un rythme de rotations aériennes très soutenu. Plus tard, les Tarawa, qui n’avaient guère à envier aux portes-avions de la seconde guerre mondiale de la classe Essex, verront une partie de leurs hélicoptères remplacés par des avions de combat Harrier de sorte à en accroitre la puissance de feu et les capacités de soutien des forces engagées dans l’assaut amphibie. Depuis, le concept développé par la classe Tarawa fit école au sein de nombreuses marines, y compris de l’US Navy qui développa par la suite la classe Wasp et récemment la classe America pour maintenir cette capacité avancée, mais également la Marine Nationale avec la classe Mistral, la Chine avec le Type 075 et l’Italie avec la nouvelle classe Trieste, ces navires étant traités dans cet article. Un second article abordera l’Espagne avec la prolifique classe Juan Carlos I, , la Turquie avec l’Anadolu, la Corée du sud avec les Dokdo et la Russie avec la classe à venir Ivan Rogov.

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