La Chine développerait un canon d’artillerie de 203mm pour ses forces terrestres

Durant la guerre froide, les deux camps soviétiques et OTAN, disposaient outre de leur artillerie de 105, 122, 152 et 155 mm, de pièces plus lourdes de 203 mm, soit 8 pouces, dans leur inventaire. Ainsi, les 2S7 Pion soviétiques, comme les M110 américains, servaient à détruire les places fortes et bunker adverses, mais également disposaient toutes deux d’obus nucléaires tactiques, comme l’obus M422A1 américain qui transportait une charge nucléaire W33 de 5 ou 10 kilotonnes, ou l’obus 3BV2 Kleshchevina soviétique. Toutefois, il devint rapidement évident, pour les deux camps, que l’utilisation de ce type de système pour le feu nucléaire, même tactique, présentait de nombreux inconvénients opérationnels. Pour les Etats-Unis, les difficultés rencontrées avec la mise en oeuvre du M110 les amenèrent à le retirer du service en 1994, alors que le 2S7, dans sa version modifié 2S7M Malka, continue de servir au sein des armées russes et de plusieurs autres forces armées, y compris ukrainiennes.

Selon une enquête menée par les journalistes du site Defenseone.com, sur la base d’un post rapidement supprimé sur le réseau officiel d’information sur les acquisitions d’équipement et de technologies de l’Armée Populaire de Libération, l’Etat-major chinois aurait entrepris, pour sa part, de developper un nouveau système de même calibre, soit 203 mm. Il s’agirait, selon l’analyse faite par les journalistes américains, de combler l’offre capacitaire entre la portée et capacité de destruction des systèmes actuels de 155mm comme le PCL-181, très inspiré du CAESAR français et de l’Archer suédois, et les systèmes à longue portée employant des roquettes le PHL-11 ou le PHL-81, tout en adaptant les nouvelles capacités de l’artillerie moderne à un calibre déjà connu, l’APL ayant dans les années 80 tenté de developper un système équivalent, le W-90, avec l’aide d’un spécialiste canadien.

Comme déjà évoqué sur ce site, l’augmentation du calibre de l’artillerie conventionnelle aurait certains attraits, notamment de pouvoir effectivement envoyer, comme le précisait l’annonce chinoise, un projectile de 85kg, soit le double d’un obus de 155mm, avec une vitesse de sortie de bouche de 920 m/s, soit la vitesse atteinte par un obus de 155mm avec un tube long. De tels objectifs permettrait au canon chinois d’atteindre des cibles distantes de l’ordre de 40 à 50 km avec un obus conventionnelle, et de l’ordre de 80 km avec un obus à propulsion additionnée. En outre, un tel obus aurait effectivement une importante puissance destructrice, pour venir à bout par exemple de bunkers conçus pour résister aux obus de 155 mm ou aux roquettes de 122mm, comme il ne manquera probablement d’en avoir si une opération contre Taïwan venait à être lancée.

Pour autant, l’utilisation de canons de ce calibre n’est pas non plus sans imposer d’importantes contraintes. Beaucoup plus lourds qu’un canon de 155mm, il absorbe également une énergie considérable au départ de l’obus, deux fois plus importante qu’un obus de 6 pouces. Cela suppose donc de disposer d’une plate-forme extrêmement robuste et sensiblement plus lourde que ne le sont les systèmes d’artillerie moderne, d’autant qu’un obus de 203 mm et sa charge de poudre nécessaire, sont également plus imposants et volumineux que les obus de 155 mm classiques. En revanche, et comme déjà abordé également, un tel canon aurait probablement sa place sur une grande unité navale, y compris pour soutenir les forces déployées à terre. Reste à vois, désormais, si le programme chinois ira effectivement à son terme, et quelles solutions, mais également quelles utilisations seront faites de ses capacités et contraintes.

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