Innovation navale : Naval Group et le CNRS continuent leur collaboration.

Un laboratoire commun fondé sur plus de 80 ans d’histoire commune


Dernièrement, la collaboration entre Naval Group et le CNRS a abouti à la création d’un nouveau laboratoire commun, baptisé NEL (Naval Electromagnetism Laboratory), associant également l’Université Grenoble-Alpes et Grenoble INP-UGA. Un exemple révélateur de la longue histoire commune entre l’entreprise et le monde de la recherche, via le laboratoire de Génie Électrique de Grenoble (G2Elab, CNRS/Université Grenoble-Alpes). « La genèse de notre collaboration remonte à la Seconde Guerre mondiale, lorsque le physicien Louis Néel met au point un procédé de discrétion électromagnétique pour les bâtiments navals », retrace Olivier Chadebec, directeur de recherche CNRS au G2Elab. « Après la Libération, convaincue par les résultats obtenus, la marine française – qui regroupe alors les activités aujourd’hui assurées par Naval Group – demande au chercheur de créer un laboratoire dédié à la thématique du magnétisme du navire. Cette entité rejoindra ensuite le Laboratoire d’Électrotechnique de Grenoble (LEG) et le Laboratoire d’Électrostatique et des Matériaux Diélectriques (LEMD) pour donner naissance au G2Elab. »

À travers le NEL, inauguré le 5 juillet 2024, les deux structures ont ainsi souhaité pérenniser et renforcer une collaboration qui n’a jamais cessé depuis la fin de la guerre. Une union à laquelle s’est également ajouté le laboratoire Grenoble Images Parole Signal Automatique (GIPSA-lab, CNRS/Université Grenoble-Alpes), apportant son expertise en traitement du signal.

Maîtriser la signature magnétique des bâtiments navals


Sur quoi porteront les travaux de recherche du laboratoire commun NEL ? « Nous nous intéressons aux problématiques associées à l’électromagnétisme des bâtiments navals », explique Olivier Chadebec. « En effet, un navire étant principalement constitué d’acier, il a tendance à s’aimanter et ainsi à créer une anomalie locale du champ magnétique terrestre. Et cela constitue un enjeu majeur pour toutes les marines du monde, puisque cette « signature magnétique » peut être détectée par des acteurs extérieurs, mettant alors à mal toute tentative d’opération discrète, voire par des mines se déclenchant en cas de variation du champ électromagnétique, entraînant la destruction du navire. »

Par conséquent, le NEL vise à caractériser, contrôler, mesurer et détecter les signatures magnétiques basses fréquences des bâtiments navals. Cet objectif se décline en deux axes de recherche principaux, dont le premier consiste à développer un système permettant à un sous-marin d’identifier en temps réel sa propre signature magnétique et de la compenser, afin de devenir « magnétiquement silencieux ».

Les chercheurs s’intéressent également à la problématique inverse : la détection d’anomalies électromagnétiques, pouvant témoigner de la présence de bâtiments navals. Un défi scientifique considérable, dans la mesure où il est question de variations de très faibles amplitudes. « Pour cela, nous nous appuyons sur le Laboratoire de Métrologie Magnétique en Champ Faible (LMMCF) », souligne Laure-Line Rouve, ingénieure de recherche Grenoble INP-UGA au G2Elab. « Celui-ci nous permet de créer des anomalies de quelques dizaines de nanoteslas, à comparer au champ magnétique terrestre, de l’ordre de 50 000 nT. » Un équipement sur lequel s’appuiera l’équipe du laboratoire commun – composée notamment de deux doctorants CIFRE et de deux post-doctorants – pour ses travaux sur les cinq prochaines années.

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