Hai Kun, premier sous-marin construit par Taïwan.

Inauguré en grande pompe le 28 septembre dernier par la présidente Tsai Ing-wen, le Hai Kun est sorti de son hall de construction au chantier CSBC de Kaohsiung, au sud de Taïwan. Transféré sur un dock flottant, le bâtiment a été ensuite mis à l’eau dans le port, le 27 février Son achèvement va désormais se poursuivre à flot avant le début de ses essais, d’abord à quai, puis en mer.

© CSBC

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Premier sous-marin conçu et réalisé à Taïwan, le Hai Kun (nom signifiant Narval en Chinois) a été officiellement mis sur cale en novembre 2021 et donc lancé moins de deux ans plus tard, en septembre dernier. Ce programme, considéré par Taipei comme stratégique pour la défense de l’île contre une éventuelle invasion depuis la Chine continentale, est mené tambour battant. Le Hai Kun pourrait être mis en service dès 2025, une fois ses essais achevés, ce qui constituerait un tour de force pour l’industrie taïwanaise qui n’a jamais réalisé de sous-marin.

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Long d’environ 70 mètres pour un déplacement estimé à 2500 tonnes, le Hai Kun pourra plonger à plus de 300 mètres et est conçu pour mettre en œuvre des torpilles lourdes et missiles antinavire. Doté d’une propulsion diesel-électrique, avec des batteries lithium-ion pour améliorer son autonomie en plongée, il sera notamment équipé de torpilles américaines Mk48 Mod6, dont les Etats-Unis ont autorisé l’exportation vers Taïwan en 2020. 

Jusqu’à huit bâtiments de ce type sont prévus, CSBC ayant déjà enregistré la commande du deuxième. Ils permettront de remplacer les sous-marins hors d’âge dont dispose aujourd’hui Taïwan, en l’occurrence deux antiques Guppy II ex-américains, bâtiments de 93 mètres et 2440 tonnes en plongée mis en service en 1945-46 et transférés en 1973 par les Etats-Unis. Il s’agira ensuite d’assurer la succession des unités du type Hai Lung (67 mètres, 2660 tonnes en plongée), version dérivée des Walrus néerlandais, livrés par les Pays-Bas en 1987 et 1988. Deux autres devaient initialement voir leur jour mais leur construction avait été annulée suite aux pressions exercées à l’époque par la Chine.

Pendant deux décennies, Taïwan a cherché à acquérir de nouveaux sous-marins sur le marché international mais Pékin a toujours fait barrage à ces projets en faisant planer des menaces de rétorsions sur les pays susceptibles de répondre à cette demande. Quant aux Etats-Unis, alliés traditionnels de Taipeh et seuls à pouvoir réellement faire abstraction des pressions chinoises, ils n’étaient pas en mesure de conduire eux-mêmes un tel programme, ne réalisant plus depuis longtemps que des sous-marins à propulsion nucléaire. Différentes pistes avaient été envisagées par les Américains pour solutionner ce problème, via notamment l’Espagne ou le Japon. Un projet de cession des anciens sous-marins italiens du type Sauro, mis en service entre 1979 et 1982 et finalement désarmés entre 2002 et 2010, avait également échoué au début des années 2000, cette fois du fait de la volonté de Taïwan ne pas se contenter de bâtiments de conception ancienne simplement remis à niveau.

Faute de voir aboutir un projet de constructions neuves avec un partenaire international, Taïwan, comme c’est le cas pour ses forces navales de surface, où là aussi l’acquisition de matériels étrangers se heurte à la farouche opposition de la Chine, a finalement décidé de mener un programme national, connu sous le nom d’IDS (Indigenous Defense Submarine). Après avoir reçu le feu vert des Etats-Unis en 2014, les études ont débuté en 2016 et, en 2018, l’administration Trump a autorisé les licences d’exportation nécessaires aux équipementiers américains dont Taïwan a besoin pour mener à bien son programme. Le pays semble s’être dans le même temps attaché les compétences d’experts étrangers en sous-marins, dont semble-t-il des ingénieurs japonais et anglo-saxons.  

© Un article de la rédaction de Mer et Marine.

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