En Pologne, l’OTAN teste de nouvelles défenses antidrones

A une centaine de kilomètres de la frontière ukrainienne, des soldats polonais lancent un drone depuis l’arrière d’un pick-up lors d’un entraînement destiné à tester un nouveau système conçu aux États-Unis pour contrer la menace russ

Guidé par un pilote dans un centre de contrôle installé à proximité, l’engin fend le ciel hivernal à la recherche de sa cible – une réplique des drones d’attaque que Moscou utilise régulièrement pour frapper l’Ukraine.

Le déploiement du système Merops fait partie des efforts accélérés de l’Otan pour renforcer son flanc oriental après que l’alliance a fait décoller des chasseurs pour abattre des drones russes au-dessus de la Pologne en septembre.

Cet incident – suivi d’une série de vols de drones inexpliqués qui ont secoué d’autres pays européens – a brutalement mis au jour les vulnérabilités du continent près de quatre ans après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie.

En réponse, l’Otan a renforcé ses forces à sa frontière orientale, tandis que l’Union européenne s’est engagée à bâtir un système de défenses antidrones.

Sur recommandation de l’Otan, la Pologne et la Roumanie ont rapidement acquis des systèmes Merops pour combler leurs lacunes à court terme.

La technologie – produite par une entreprise adossée à l’ancien PDG de Google, Eric Schmidt – a déjà prouvé son efficacité en abattant des drones russes en Ukraine.

« Le système est l’un des tueurs les plus efficaces des drones Shahed de la Russie », assure ce lundi le général américain Curtis King près de Nowa Deba, dans le sud-est de la Pologne. « Nous estimons qu’il compte pour 40% de ces drones abattus en Ukraine. »

Surtout, il est relativement peu coûteux.

En septembre, l’Otan a dû utiliser ses derniers avions de chasse F-35 tirant des missiles valant un million de dollars pour abattre des drones russes ne coûtant, eux, que quelques dizaines de milliers de dollars.

Un coût insoutenable: la Russie a régulièrement envoyé des essaims de centaines de drones en Ukraine. En comparaison, les drones tirés par le nouveau système ne coûtent qu’environ 15.000 dollars pièce (à peu près 13.000 euros).

Soit « environ un dixième de ce qu’il en coûte à la Russie pour construire et utiliser un système de drones de type Shahed », souligne le général King.

Le Merops – qui peut utiliser l’intelligence artificielle pour cibler les drones ennemis – n’est qu’un des nombreux systèmes similaires que les pays de l’Otan testent alors qu’ils cherchent à accélérer la mise en service de nouvelles capacités.

– « Solution intermédiaire » –

Les troupes polonaises, roumaines et américaines ont suivi environ 20 jours de formation pour pouvoir le manipuler. « Une fois que vous l’avez pris en main, c’est assez simple », explique le sergent américain Corey Myers.

« Pour nos jeunes, tant que vous êtes bons avec une manette Xbox, c’est très intuitif. »

Étant donné le nombre limité de ces systèmes antidrones à la disposition de l’Otan et les vastes zones qu’elle doit défendre, il y a peu de chances de rendre le flanc oriental de l’alliance totalement hermétique contre les intrusions russes.

« Pour défendre une zone aussi vaste efficacement, je pense que cela pourrait être presque impossible », constate Robert Tollast, expert militaire au groupe de réflexion britannique RUSI.

Responsables militaires et analystes préconisent plutôt de déployer les systèmes autour de sites clés comme les centrales électriques, les aéroports et les bases militaires.

Ils pourraient ainsi contribuer à dissuader ou perturber le type de nuisances récemment observées dans des pays comme le Danemark, l’Allemagne et la Belgique, avec des vols de drones difficiles à intercepter avec des moyens traditionnels.

Alors que l’UE pousse à développer ses propres capacités, les commandants polonais disent considérer le système américain comme une étape intermédiaire.

« Ce système est maintenant éprouvé au combat en Ukraine, et les résultats là-bas sont très encourageants – donc nous avons décidé de l’acquérir comme solution intermédiaire », confirme le général Stanislaw Czosnek, commandant adjoint des forces armées polonaises.

« Ensuite, nous voulons les remplacer par des produits polonais. »

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