Le français Naval Group a présenté un nouveau système baptisé Lanceur Modulaire Polyvalent, à l’occasion de l’événement NID 2023, susceptible de concurrencer, et de dépasser en de nombreux aspects, le CIWS RIM-116 Ram de l’américain Raytheon. Mais quelles sont les caractéristiques du LMP, et pourquoi est-il si innovant ?
Depuis le début des années 80 et l’apparition des premiers systèmes de protection rapprochés, comme le Phalanx ou le Ram américains, ou le AK-630 russe, nombre de marins et d’analystes spécialisés français regrettaient ouvertement que la Marine nationale et l’industrie de défense nationale, ne se soient pas engagés dans ce domaine.
Le fait est, si les frégates françaises étaient traditionnellement réputées performantes, en particulier dans le domaine de la lutte anti-sous-marine, et innovantes, comme ce fut le cas des Frégates Légères Furtives de la classe La Fayette, celles-ci étaient aussi souvent considérées sévèrement sous-armées pour leur tonnage, notamment pour ce qui concernant la défense antiaérienne et antimissile rapprochée.
Ainsi, alors que les frégates anti-sous-marines américaines de la classe O.H Perry de 4 000 tonnes de l’US Navy étaient toutes protégées par un système antimissile Phalanx, les T-70 françaises de 4 900 tonnes, pas davantage que les FLF de 3 600 tonnes, n’étaient dotées de protection similaire.
C’est donc avec satisfaction, pour ne pas dire soulagement, que beaucoup ont appris que Naval Group avait présenté, à l’occasion du NID 2023 consacré aux innovations de l’industriel français, le Lanceur modulaire polyvalent ou LMP, qui n’est autre que la réponse française au RIM-116 américain.
Concrètement, le LPM est un système modulaire mobile de 3 tonnes, composé de 4 conteneurs capables chacun de mettre en œuvre 4 missiles antiaériens ou antimissiles Mistral 3, 2 grenades anti-sous-marines, des leurres infrarouges ou 10 roquettes à guidage laser de 70 mm.
Connecté au système de gestion du combat du navire, il peut ainsi répondre, de manière étendue, à différents types de menaces, y compris au travers d’informations fournies par des systèmes externes comme des drones, et traiter aussi bien des cibles aériennes comme des missiles antinavires, des avions ou des hélicoptères, que des drones, des embarcations légères et des sous-marins et drones sous-marins.
En outre, les modules sont aisément interchangeables, de sorte à adapter la réponse du système à la menace dans des courts délais, en privilégiant au besoin le nombre de missiles Mistral (jusqu’à 16), les armes anti-sous-marines ou les roquettes pour contrer d’éventuelles embarcations rapides dronisées.
Enfin, avec une masse de seulement trois tonnes, il peut être déployé sur des embarcations relativement légères, y compris des navires autonomes, pour densifier et étendre le périmètre défensif de navire principal.
Un système indispensable aux PHA Mistral de la Marine nationale
On le comprend, le LMP présenté par Naval Group, va bien au-delà d’un simple système concurrent au RIM-116. Il constitue un système à la fois complet, modulaire et evolutif pour répondre à l’ensemble des menaces identifiées à ce jour pour une unité de surface, mais également, le cas échéant, pour protéger des infrastructures portuaires.

Il constitue, à ce titre, le complément idéal du système d’artillerie RapidFire de 40 mm déjà installé sur les pétroliers ravitailleurs de la classe Jacques Chevallier, afin d’étendre et de durcir, à moindres frais, et à moindre occupation des espaces disponibles, des unités de surface de premier et second rang, ainsi que des unités de soutien.
Reste à voir, désormais, si la Marine nationale voudra, ou pourra, se porter acquéreuse de ce système pour les déployer sur des unités navales représentatives, comme ce fut le cas des porte-avions de la classe Nimitz pour le RIM-116, afin d’en démontrer le potentiel opérationnel, ainsi que la facilité de déploiement.
Reconnaissons que le LMP aurait parfaitement sa place sur les frégates FREMM, Horizon et FDI pour en renforcer la defense rapprochée, ainsi qu’à bord des PHA de la classe Mistral, que l’on sait particulièrement exposer dans ces domaines, et qui peuvent, le cas échéant, déployer des drones et unités navales sans équipages, pour en accroitre l’efficacité.
